Besoin de prendre plus de trois minutes à écrire ce post ce soir.
Quinze, trente ou quarante-cinq, c'est selon. Et selon la plume, ou
plutôt les doigts. Car ces professeurs avisés et ces élèves doués qui
vous entourent -dans le cas présent, m''entourent- vous font
prendre conscience de ces lacunes énormes que vous traînez depuis...
des années. "L'école n'est plus ce qu'elle était", dirait mamie
-quoique, d'habitude elle se taise pour dire des banalités pareilles.
Chaque matin, ces dernières semaines, je me forçais à aller en cours,
car "il le faut" et que "c'est un défi que je me suis fixé au moment où
j'ai eu mon bac, et que si je ne le tiens pas, je perds toute
crédibilité. Mais cette classe... : il y a ces gens sûrs d'eux et
méprisants, qui ont toujours un sourcil plus haut que l'autre et un ton
moqueur et désinvolte, comme si leur gloire scolaire était dans leurs
gènes grâce à Mère-Nature ; d'autres, préoccupés par le fait de
critiquer tout ce qui bouge, ou non, de la nouvelle Miss France aux
chaussures du professeur de français ; d'autres encore, très portés sur
leur note, à vous ressasser "Raaah mais je vais avoir 3", et qui
finissent, bon gré mal gré, avec une meilleure note que vous, qui
restez muet. Soit. S'ils m'agacent, ils ne sont pas les seuls. J'ai
toujours eu un côté associal en moi, et malheureusement, il est
toujours resté supra-développé. A côté de ça, mes parents. Ma soeur. Mon
frère. Quoiqu'ils disent sur mes cours, ça m'agace. Entre mes parents
dont l'humeur dépend de mes notes -ce qui met, soit dit en passant, un
chouia de pression- et ma soeur qui dit que l'important est de
comprendre sa note, alors qu'elle stresse pour les siennes -quelle
mauvaise foi !-, mon coeur balance et les deux points de vue mettent
autant en ébullition mes nerfs. Tout reprendra comme avant à la
rentrée, et j'irai en cours à reculons, ou simplement pour suivre les
cours -géniaux- d'histoire, de géographie, de lettres ou de latin, ou
encore d'espagnol ou de philo qui me sont proposés. Je repenserai à mon
orientation l'an prochain, tant pis. Et je vais m'efforcer d'oublier le
concours blanc qui s'est fini à treize heures aujourd'hui même pendant
les deux semaines à venir, ce qui est mieux pour ma santé mentale. Et
repenser à mes objectifs en entrant en prépa. Et repenser aux jours qui
ont suivi mon obtention du bac, mon karma du moment. Et savoir comment j'en suis arrivée là aujourd'hui.
...Et me libérer de sa dépendance. Oui, lui. Dont
l'éloignement a été pour beaucoup, dans la descente de mes notes aux fins
fonds des Enfers. Non, j'y vais fort, un peu. Et pourtant, sa présence
a été pour beaucoup dans le fait que je n'aie pas quitté cette classe dans
les premières semaines, comme deux autres personnes ont fait. J'y suis
seule, et quand je rentre, je suis seule. Sans lui le soir, je suis
encore plus seule. Mais je ne peux lui dire, ça lui avouerait tant de
choses... mais je ne pourrais le cacher bien longtemps, il se rendra
compte qu'en réalité je ne suis pas aussi libre et indépendante que je
veux le laisser croire. C'est très étrange. Il me cache beaucoup de
choses. Me cacher n'est pas le mot, certes, mais il a des secrets,
tandis que moi, je crois que je pourrais tout lui dire. Pourquoi ce
fossé ? Je me retiendrai, à l'avenir, je repenserai à ces moments
seule, à ces nerfs qui montaient en moi. Bref, je repenserai à
maintenant, et je regarderai devant, loin devant. En plus de cela, je
suis incapable de ne pas être ni jalouse, ni persuadée que quelqu'une
autre lui plaît. J'ai pourtant confiance, mais. Mais il y a un "mais".
Un "mais" écrit en caractère gras. Ce "mais", est-ce ma -non-confiance
en moi, ma peur de l'avenir, ma peur de l'éloignement, ma peur de la
solitude, maintenant que j'ai vécu un an accompagnée de quelqu'un qui me
comprenait, ou essayait de me comprendre, et ne me jugeait pas. C'est
rare. Très rare. Il est rare, et je ne veux pas le perdre...
J'ai à commenter un texte pour la rentrée des classes. A l'oral. Je ne comprends pas les références... C'est un poème des Châtiments de Victor Hugo, Au fils du poète.
[...]
Je commencerai peut-être ici un jour à venir...